mardi 30 mai 2006

Fumisterie autour d'un passage à tabac sans passer à go et sans réclamer 200 $


Barroud d'honneur: tiré de l'affiche du film du même nom

Demain, c'est fini! Plus de tabac ailleurs que dans le garde-robe! Les Talibans de l'anti-tabagisme ont eu gain de cause. Tous aux abris! Franchement, il était temps qu'on vienne à bout de ce tabagisme alors que la majorité ne fume désormais plus. Mais quelle proie facile ce fut!
Focaliser sur une proie facile pour ne pas voir la poutre qui brûle au-dessus de la pauvre petite paille qui n'est que cendres... Comme j'ai écrit plus haut, c'est une bonne chose que l'on légifère sur le tabac dans les lieux publics, mais ne soyons pas hypocrites! Le nombre de fumeurs a diminué sensiblement au pays depuis deux décennies. Pourtant, la possibilité d'avoir un cancer quelqu'il soit a monté en flèche dans le même temps, pour atteindre 1,3 homme qui risque d'avoir le cancer au Canada, 1,6 femme et un enfant sur deux! Où est le corrélat cigarette/cancer? Les courbes sont inversement proportionnelles...
Ce qui tue d'abord et avant tout, comme disait à juste titre Serge Bouchard à Indicatif Présent (débat de 25 min en Window Player) mardi, c'est l'excès, comme dans tout. Mais il y a aussi le stress comme l'a bien démontré Hans Selye il y a plus de 40 ans. Le stress tue, provoque des mécanismes, des déclencheurs de mort lente. Pas de stress tue aussi, mais trop tue encore plus.
Et puis la pollution urbaine énorme (oxyde d'azote, monoxide de carbone, pneus qui s'usent sur les routes en des milliards de petites particules, et j'en passe et des meilleurs) n'aurait pour ainsi dire aucune incidence sur la santé! Que dire des conditions de vie, de bouffe, de travail de la plupart des gens aujourd'hui, totalement happés par des besoins constants... de fric pour joindre les deux bouts qu'ils se mettent très éloignés l'un de l'autre.
Le tabagisme n'est pas la plus noble des passions, mais historiquement toute forme de drogue a sa place! Toutes les multinationales pharmaceutiques vous le diront! Après tout, ne payons nous pas des quantités inimaginables d'argent à ces entreprises qui nous vendent parfois de la camelote, comme le révèle un certain nombre d'information concernant le dépôt des brevets. Et elles ne font ni dans le rituel, ni dans le cérémonial pour nous les faire gober, sinon à nous trouver des raisons inconnues de nous. Je m'arrête là, car il y a de quoi écrire une thèse. Hého, je ne dis pas qu'il ne faut pas de médecine-là. C'est une autre histoire.

Page d'Indicatif Présent concernant le sujet.

lundi 29 mai 2006

Le temps ≠ l'argent


Petit lac chez quelqu'un près de la route
Si j'avais pu emprunter la navette spatiale ce matin, j'aurais parcouru la distance entre ma cabane et mon bureau en 1,3 seconde! Mais je n'aurais guère eu le temps d'humer les fragrances qui parcouraient la route.
Je ne me serais pas arrêter pour saluer les bêtes un peu partout le long de mon parcours, saluant les vaches, les chevaux, parfois un renard, sifflant aux oiseaux. Quel allumé je fais... Je n'aurais pas pu prendre quelques instants pour regarder ce petit lac calme. Bref je n'allais pas à 17 000 km/h ce matin mais mille fois plus lentement.

Une vache et son petit veau derrière à gauche sous les arbres
Il me faut tout de même faire preuve de présence au monde et regarder, écouter ce qui se passe ailleurs qui n'est pas aussi charmant, hélas. Mais les infos ne parlent que très rarement des belles choses qui se sont passées durant la journée! Je suis aussi venu écouter Par 4 chemins que je n'ai pu écouter hier soir. Les propos de Languirand par le biais de ses lectures étaient tout a fait consolidants dans ma démarche.
Je cherche à déterminer si je vais rester ici. J'adore silence, fragrances, oiseaux, etc. mais l'animal social que je suis ne réussira pas à trouver son compte ici apparemment. Il y a de ces jours où la retraite pèse, hihi.

dimanche 28 mai 2006

¡Y Utopia o muerte!


Dessin: John Forsyth - La Patrie
Paraphrasant un slogan à la mode cubaine des années 60, j'ai envie d'expérimenter du côté des communauté d'affinités. Vivre en autarcie n'est pas mon premier objectif dans la vie, mais vivre à moitié dans la grande communauté - la ville - n'est guère mieux. À peu près tout ce que je pourrais y faire me pose de plus en plus de problèmes éthiques qui ne se posaient pas avant parce que je m'adaptais sans trop maugréer. Avec les années, cela devient de moins en moins possible.
Je crois que ce que je fais en tant qu'individu a un impact direct et indirect sur tout le reste. Comme la communauté des hommes rend de plus en plus difficile, voire quasi-impossible de vivre selon certaines règles basiques de respect de l'environnement, de partage des richesses, de travail adéquatement rémunéré, de déplacement quotidien entre deux points qui peuvent se faire à échelle humaine, de logements abordables, et j'en passe toute une liste, je n'ai plus trop envie de contribuer à ce déséquilibre-là.
Je me méfie des utopies tout de même. J'en connais les dynamiques et la plupart sombre dans toute sorte de décadences: pouvoir, tricherie, fourberie, etc. Je ne suis pas à l'article de la mort en ce moment et il n'est pas impératif d'encore déménager. Je voudrais faire cent fois plus que ce que je fais maintenant mais pas à n'importe quelles conditions. Cela doit tout d'abord profiter à la communauté, pas à une entreprise privée. Terminé, j'ai assez donné.

Dans son ouvrage Entre l'Éden et l'Utopie dont je parlais l'autre jour, Luc Bureau écrit: Anéantissement de la propriété privée, mise en commun des fruits du travail, dissolution de la famille afin que les enfants n'aient plus d'hérédité mais ne soient plus qu'éducation et dressage, tout ceci nous mène vers un monde uniformisé et parfaitement prévisible. Ce n'est donc pas une simple question de justice si la plupart des utopies propose l'extinction de toute forme d'appropriation individuelle. On peut plutôt penser qu'il s'agit de l'expression d'une aspiration tout théorique à l'unité, à la régularité et au contrôle social. Mentalement et physiquement, les hommes qui habitent les utopies finissent par se ressembler comme des ampoules électriques.. Des personnages standardisés, coiffés ou non de chapeau melons, tels que Magritte nous les présente dramatiquement dans Golconde ou dans Le mois des vendanges.
On peut se demander s'il parle ici de nos sociétés occidentales réglées au quart de tour ou de l'utopie... Après tout n'est-ce pas l'État qui fait l'éducation uniformisée, prend les enfants dès deux ans et les drillent dans les garderies qui fonctionnent sur un modèle standardisé, le primaire où l'on apprend déjà aux enfants à résoudre des problèmes complexes auxquelles l'entreprise privée les confrontera, avant même d'avoir appris à compter et à écrire, etc. Le tout à les goûts (sic) de l'État qui se fourvoit. C'est l'État qui devient l'aberration.
Idéalement il faudrait des centaines de communautés différentes de petite échelle pour favoriser l'échange selon des valeurs de partage plutôt que capitalistes et individualistes comme le sont nos villes et villages. Je le vois même ici à la campagne. Tout est désincarné. Chacun de son côté et au plus fort la poche. Le bien commun devient un mal nécessaire...

Vue du site de l'écovillage du mont Radar aujourd'hui
Tout ça pour dire que j'ai décidé de faire une première démarche auprès d'une communauté, un écovillage en devenir, situé entre Scotstown et Québec. Il s'agit de l'écovillage du mont Radar. Drôle de nom pour une montagne et drôle de nom pour un écovillage. C'est qu'il est situé à l'emplacement d'une ancienne base de radars des débuts de la guerre froide, rattachée à NORAD et qui faisait partie de ce qu'on appelait la Pinetree Line, la ligne des pins ou limite des pins, comme dans tree line, plus au nord, la limite des arbres. Je connaissais à peine son existence. J'avais déjà visité celle du mont Apica dans la réserve faunique des Laurentides, il y a plus de 30 ans. La base de Saint-Sylvestre où se fabrique désormais l'écovillage a été construite en 1952 et a cessé ces activités en 1964. Il y avait là une véritable base des Forces de l'air canadiennes, un petit village autonome pour la surveillance. Une petite communauté autonome avec un but en soi...

Site à l'époque opérationnelle, il y a 50 ans. On peut voir les dômes des radars au sommet de la montagne. - Photo: Clarence Angst. Janvier 1964
Toujours est-il que l'idée me trotte dans la tête et je suis mûr. Par contre, il faudra qu'il y ait d'autres expériences du type pour que le concept fonctionne, éparpillées un peu partout.

Auto-dérision

Parfois affaiblie, parfois affermi, l'écho anti-urbain déclenché par les prophètes va se propager jusqu'à nous à travers les modes de l'histoire. Ne jouissant pas cependant du puissant arsenal des dieux pour anéantir physiquement la ville, les anti-urbains ont dû se résigner à l'utilisation d'un outillage moins dramatique: la fuite. Plutôt que d'essayer de raffermir les fondations de la cité, de cicatriser la couverture, de replâtrer les murs ou de rafistoler les gouttières, on abandonne le logis. On se dit qu'il est foutu!
Les fuyards se comptent par milliers. Marchent en tête, les poètes, les nostalgiques du passé, les philosophes angoissés, les misanthropes désabusés et les moralistes austères. On y aperçoit Horace qui, de ces temps-ci, se soustrait tant qu'il peu au tracas de la ville pour se réfugier à la campagne, dans la villa que Mécène vient de lui faire cadeau. Là, il peut plaider à son aise, la supériorité des conditions de vie du Rat des champs sur celles du Rat de ville (Horace, Satires, L. II VI). On y distingue aussi le poète juvénale qui encourage son ami Umbricius à fuir à jamais la ville de Rome où l'on ne voit que scélératesses et turpitudes quotidiennes: “Que ferais-je à Rome? Je ne sais pas mentir. (Juvénal, Satires, III, 40) . Tirés de Bureau, Luc; De l'Éden à l'Utopie
À consulter/écouter sur le sujet: Macadam Tribu, 1re chaîne de Radio Canada, le 21 août 2004.

samedi 27 mai 2006

L'Homme, Dieu et la palabre devant des biscuits athés


Trois émissions de France Culture, toutes diffusées ce matin et digne d'intérêt.
D'abord, une entrevue avec François Maspéro (RealAudio), ancien éditeur de la maison du même nom et qui nous fit connaître ou publia des textes oubliés d'Aimé Césaire, Franz Fanon, etc. En voilà un qui n'a pas la langue de bois, tout en restant totalement calme. Il publie un livre sur une photographe peu connu décédée à 27 ans, ancienne compagne de Robert Capa qui selon Maspéro s'est emparé des photos de sa compagne et s'en est approprié les droits ainsi que sa succession. Elle avait perdu tous les siens sous les nazis, donc pas d'ayant droit...
Du jour au lendemain, samedi 27 mai, minuit.
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Ensuite Jacques Testard (RealAudio), ce biologiste “père” du premier bébé éprouvette, opposé au clonage thérapeutique, chevalier du développement durable qui vient d'écrire Le vélo, le mur et le citoyen: que reste-t-il de la science ?, chez Belin. Il y parle du débat public, de la démocratie et de les desseins de la science mercantile. Un autre qui n'a pas la langue de bois, qui s'exprime dans un accent pas parisien. Il dénonce de façon véhémente les mensonges qui circulent dans la technoscience, le faux débat démocratique sur des enjeux de taille et les moyens d'outrepasser l'indifférence de la population à des changements qui vont affecter les générations à venir: manipulations génétiques, nucléaire; fausse prouesses scientifiques: thérapie génique notamment.
Le vélo, le mur et le citoyen - Que reste-t-il de la science?
Terre à terre, samedi 27 mai, 7h10
À écouter en parallèle ce qu'on a fait au Mali comme débat public quand est venu le temps de parler de l'introduction des OGM sur le territoire.
OGM : expériences de démocratie délibérative au Mali (RealAudio)
Le maintien de la souveraineté alimentaire passe par les semences traditionnelles et le refus des OGM...
Avec : Dr Michel Pimbert , de l’IIED (Institut international de l’environnement et du développement)
Terre à terre, samedi 20 mai, 7h10
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Dieu existe-t-il encore? C'est la question à l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut, on se demande si Dieu existe encore. Avec Philippe Capelle, philosophe et théologien, et Michel Deguy, philosophe, poète et essayiste.

Il est plus sûr de frapper une veine, au crayon à mine.


Jules Bastien-Lepage (1848-1884) • Le Père Jacques (Woodgatherer), 1881
Milwaukee Art Museum, Wisonsin
Il y a deux jours m'est venu une idée d'écriture que j'ai laissé macérer un peu. Hier entre chien et loup, je suis descendu à la cabane. Je me suis encore une fois dit que je ne pouvais pas abandonner cela. Pas tant l'endroit que le concept. Je peux très bien aller m'installer dans n'importe quel forêt, loin de tout bruit de moteurs. Me retrouver là avec mes chats, les fragrances, les chants de la fôret est proche du nivana pour moi.
Je me suis donc mis à écrire en arrivant là-bas, histoire de voir encore si cela m'amenait quelque part. Je suis satisfait de cette première ébauche. Il est très important pour moi que ce ne soit pas un “premier” roman, que le ton en soit d'un deuxième ou d'un troisième, histoire de dépasser l'autobiographie. Je crois que cela s'adressera d'abord au ados mais pourra rejoindre l'enfant dans l'adulte. Cela parle d'une relation comme on aimerait qu'elles existent et qui surviennent parfois dans le réel.
Je vais aussi aller piger dans quelque chose que j'ai déjà écrit il y a plus de dix ans et qui justement lorgnait du côté de l'autobiographie. À l'époque je l'avais écrit en anglais et je l'avais lu à haute voix à deux anglophones, nettement différents. Les deux m'avaient vraiment paru joyeusement émus. L'une m'avait même écrit pour me dire que c'était la première fois que quelqu'un lui racontait une histoire comme ça et qu'elle ne savait comment me remercier. Donc, c'est dire qu'il y a espoir. J'ai d'ailleurs décidé de garder le titre de ce morceau-là pour cet tentative-ci.
Pour le moment, l'histoire est juste chouette. Il faudra vraiment relevé le tout. Laisser filer le crayon sur la feuille ou les doigts au clavier ne peut que m'amener là où je souhaite. Ironiquement, j'ai déjà commencé à écrire la suite de cette histoire, il y a environ cinq ans, avant même d'avoir songé à ceci. Là ça me fait rigoler de voir que les morceaux se rejoignent de façon tout à fait inattendue! Le deux personnages principaux ont déjà été utilisée dans la littérature, bien évidemment. J'ai vu que cela s'orientait souvent vers le fantastique. Je ne suis pas sûr que je veuille tomber là-dedans. Je ne cherche pas Harry Potter dans mes pages blanches.

Détail du visage de la petite-fille du peintre

jeudi 25 mai 2006

Au coin de la rue, l'aventure


Photo: Helene Bamberger/Gamma /Ponopresse
Il y a un article qui n’en est pas un dans le Voir cette semaine. Ce pourrait être une page de blogue. Un journaliste qui n’est pas en service, - sans crayon, sans papier, sans magnéto - se trouve près d’un parc et aperçoit Leonard Cohen qui habite à côté. Le journaliste le salue sans plus et va s’asseoir à un banc dans le parc, accompagné de son Labrador. Leonard Cohen vient s’asseoir à côté de lui et se présente : “Hi, my name is Leonard”. L’autre de répondre : oui je sais. Je vous connais. Je suis même allé chez vous il y a un dizaine d’années, etc.
Puis la conversation se déroule entre les deux, assis sur ce banc, parlant de la chienne, du disque qu’il vient de produire avec Anjani, sa choriste et maintenant copine. À lire pour l’atmosphère.
Midi, au parc
François Desmeules
Voir
Jeudi 25 mai 2006
◊ ◊ ◊
Cela justement me convie à revenir à la ville. Ces rencontres fortuites je connais. Ce sont souvent de beaux moments qui durent plus que l'espace d'une rencontre. Ce que je perds en quiétude, en retraite, en silence, j'espère le gagner en ce contraire-là

Créer un réel impact à propos du climat qui change


Photo: Eric Lee - Paramount Classics
Cliquez la photo pour retrouver la forme orginal!
Je viens de regarder le trailor (bande-annonce) du film An inconvinient truth qui met en vedette Al Gore, en tant que lui-même. Juste à regarder la bande-annonce on a vraiment l’impression d’assister à l’apocalypse sous nos yeux, la nôtre bien sûr.
Digne du montage d’un thriller d’Hollywood, les images catastrophiques qui défilent à l’écran sont accompagnées des propos d’Al Gore tirés de ses conférences publiques sur le sujet. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’impact est total.
Les scènes sont tirées d’une conférence que donne constamment Al Gore gratuitement – plus de 2000 fois jusqu’à présent – à des auditoires partout. Il s’agit bien sûr des changements climatiques et de l’augmentation du monoxyde de carbone dans l’atmosphère dont les courbes sont corrélées.
J’aime bien Al Gore. C’est un homme drôlement intelligent, plus sensible que son acolyte de la Maison Blanche, Bill Clinton et, à mon sens, plus qu’Hillary Clinton pour l’investiture démocrate s’il accepte de s’y pointer. Je ne vois pas d’un mauvais œil ces deux-là travailler ensemble, s’ils le souhaitent bien évidemment. C’est un bonhomme qui est totalement ancré dans son temps.
Michael Moore du centre, Al Gore est un homme résolument positif, malgré son propos ici qui ne peut que bouleverser les spectateurs. On l’espère car, si Al Gore n’est pas capable avec cela de livrer le message haut, clair et impératif comme il sait si bien le faire, il est fort à parier que personne d’autre ne saura y parvenir.
An Inconvenient Truth
Réalisé par Davis Guggenheim
Producteurs: Laurie David, Lawrence Bender and Scott Z. Burns
Paramount Classics et Participant Productions
Durée: 96 min

mardi 23 mai 2006

Les horizons blancs et les horizons bleus


Détail du recto de couverture du livre Bleu • Histoire d'une couleur, de Michel Pastoureau, aux Éditions du Seuil en 2000.
Lorsque je suis arrivé à ma cabane hier soir, il faisait un gros 0℃. Autrement dit, il n'y avait pas de température! C'est sûrement la raison pour laquelle on appelle ça une zone tempérée. Mais il se peut aussi que l'auteur de ce mot ou celui qui l'a transcrit ait commis une erreur de typographie. Peut-être que le “ r ” était au début et devait former le mot “trempée”, ce qui serait plus proche de la réalité...
Il a plu. Plaît-il? Il a tellement plu qu'il en est déplaisant. Ce que je ne comprends pas c'est qu'il s'git de deux gazs: l'hydrogène et l'oxygène. Je soupçonne que la foudre les électrocute pour les transformer en cette matière aquifère. À qui faire des remontrances, alors? H2O ou hache deux os? Peut-être obtient-on ce liquide par des incantations sur un autel où on immolerait une bête?
Et vous savez quoi? Devinez. Il a neigé au-dessus de 1000 mètres. C'est normal, c'est le mois de Marie, associée à la pureté, le blanc quoi. C'est la seule explication plausible. Toutes les autres seront illico rejetées par le Bureau de révision.
Aujourd'hui, pourtant, c'est le bleu qui m'intéresse. Pas celui des Causses ou d'Auvergne mais la couleur bleue, tout simplement. Because hier en faisant mon glanage de clips audios de la radio, je suis tombé sur Michel Pastoureau et son livre sur la couleur bleue. Il donnait une entrevue (Window media Player, 12 min) à Marie-France Bazzo depuis Paris en décembre 2000.
Quelques temps auparavant, il était passé chez Alain Veinstein, à son émission Du jour au lendemain, sur France Culture, le 15 novembre 2000 (mp3).
Ça me rappelle cette autre livre paru pas longtemps avant en français et qui est fascinant.

lundi 22 mai 2006

La Fête de la Reine Dollar versus les Patriotes


Je n'ai pas toujours été un fana d'Indicatif Présent à Radio-Canada. Je ne l'ai pas écouté des années durant. Je l'avais écouté au tout début et ça m'énervait. Puis je me suis remis à l'écouter assez régulièrement à partir de l'automne dernier. Je dois avouer que malgré certains aspects qui m'énervent toujours (le côté mandain de l'émission, le convoyeur d'invités au micro tout les jours), c'est une émission qui a bien évoluée dans son style: pour la ménagère qui repasse les bobettes, la femme d'affaires dans sa BMW qui reçoit l'émission dans ses écouteurs entre deux communications sur son portable et tous les autres que nous sommes qui écoutons la radio tantôt distraitement, tantôt attentivement, selon le menu du buffet matinal. Elle est donc parfaitement rodée, tout comme celle qui tient la barre depuis onze ans et qui la quitte dans un mois, pour aller faire la même chose à la télé le midi, bonne chance.
Tout à l'heure, je cherchais quelques interventions de Marie-Christine Blais, journaliste la La Presse qui y tient une chronique dite "insolite" à l'émission depuis quelque temps, sur des sujets moins courus de l'actualité quotidienne, mais tout de même intéressante. J'ai trouvé des trucs mais j'ai surtout trouvé des archives de toutes sortes.

Aujourd'hui, c'est la Fête des Patriotes au Québec. Depuis des lustres, nous fêtons la Reine Victoria (surtout au Canada anglais) et Dollard des Ormeaux au Québec pour faire un peu contrepoids. La Reine Victoria... elle est morte il y a si longtemps qu'on se demande pourquoi on devrait encore la fêter, surtout ici au Québec où elle a imposé des règles pas toujours jojos.
En 2003, Pierre Bourgault, décédé depuis lors, tenait une chronique à l'émission. Ce jour-là il racontait entre autre ce qu'avait été ces Patriotes au Québec par le biais de la nomenclature des premiers articles de la déclaration d'indépendance du Québec en 1838. Je n'étais pas trop fan de ce changement de nom à ce congé de la mi-mai à l'époque parce que je trouvais cela un peu trop nationaleux, tout comme le changement de nom au Musée du Québec sur les Plaines d'Abraham en Musée national des Beaux-Arts du Québec. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...
Vous pouvez écouter la chronique de Pierre Bourgault ici, rediffusée le 24 juin 2005. (Window Media Player, 9 min) En passant, ces deux-là font de la radio ensemble depuis 1985. Plaisirs était une bonne émission co-animée par Bourgault, le vieux loup, et Bazzo, que Bourgault avait repéré dans ses cours à l'UQÀM. Ils ont toujours eu ce ton ensemble. Elle a appris à se défendre, mais...
Malgré ce côté mondain assommant, il reste que l'émission traite de façon récurrente des sujets chauds et que ce martèlement porte aussi la marque de son animatrice qui est plutôt gauchiste (caviar de hareng). Marie-France Bazzo n'est pas une sotte. Aucunement. Loin de là. C'est juste une sacrée boulimique de l'info.

vendredi 19 mai 2006

Le café équitable comme témoin des écarts


Femmes triant les grains de café dans une usine d'Addis Abeba. Les trieuses éthiopiennes gagnent 96 ¢ par jour de 9 heures de travail.
Photo: John Morstad/The Globe And Mail
Dans le Globe And Mail de ce jour, Stephanie Nolin nous amène à nous intéresser d'un peu plus près au café en termes de commerce dans son article Where coffee fuels a nation, à la Une du Report on Business. On parle dans ce cas-ci de commerce équitable, au moment ou de grosses chaînes sont en train de bousiller tout le processus.
Selon l'article, il y aurait en Éthiopie exactement 86 762 fermiers cultivant le café Shirkhina pour Starbuck. La café représente le quart du produit national brut de l'Éthiopie et 55% des revenues d'exportation. Après neuf heures de travail par jour, les femmes qui trient les grains de café sur des convoyeurs retournent chez elle avec... 96 ¢ (0,75 €)! À ce qu'il paraît, grâce aux accords sur l'agriculture biologique et équitable, cela constitue tout de même une augmentation de près de 25% du salaire annuel.
Quant aux fermiers, le passage à l'équitable a fait triplé leur prix de vente d'un livre de café vert, à 1,60 $. Mais la certification biologique coûtent quelques 2 600 $ à chaque producteurs! Beaucoup trop pour la capacité de la plupart d'entre eux. Mais les ententes équitables sont tout de même mieux puisque le café se transigerait à 60 ¢ la livre, si les fermiers étaient sur le marché standard. Les fermiers sont aussi réunis dans des coopératives.
Terminons-en avec les chiffres: Starbuck a créé avec les fermiers une variété appelée Shirkhina qui veut dire “partenaires” en langue amharique. Les fermiers reçoivent 66¢ pour 6 kilos de fruits mûrs. Une fois dépouillés de la pulpe, les grains de café ne forment qu'un kilo. Une fois torréfié, on a un peu moins d'un kilo, soit environ 60 tasses Starbuck à 3 $ la tasse: 180 $... Si l'on pousse le bouchon un peu, Starbuck en français pourrait être traduit par “dollar astronomique”.

L'imaginaire coloré sous un ciel gris


Palace Gate, Quebec looking down Mountain Street, by Cockburn James Pattison (1779-1847).
Library and Archives Canada, Acc. No. R9266-146 Peter Winkworth Collection of Canadiana
Je suis minimaliste gargantuesque (encore un oxymoron). Je veux dire par là que j'ai parfois des moments jouissifs dans la journée pour des petits riens. Ce matin Monique m'appelle de la bibliothèque municipale pour me dire que deux des livres que j'ai fait venir en PIB (Produit intérieur brut ou Prêt entre bibliothèques?) sont arrivés. Samedi dernier dans Le Devoir, on parlait de Jacques Marchand que je ne connaissais que vaguement et qui vient de publier un autre roman. On a alors mentionné ses précédents ouvrages dont une étude sur Claude Gauvreau qui lui avait valu des menaces de mort à l'époque. Intéressant, me suis-je alors dit. Premier livre.
L'autre jour je parlais à quelqu'un et lui mentionnais des scènes dans Tintin et L'étoile mystérieuse où le capitaine Haddock, faisant le modeste, ne souhaitant qu'une "larme" de scotch dans son verre d'eau minérale. Attendant les yeux fermés que l'on lui verse la boisson éthylique, la main sur le verre afin de s'assurer de la modération de la dose (tout en souhaitant ardemment le contraire), la “goutte” de scotch finit par déborder de la coupe volumineuse sur laquelle il inscrira peu après ses lèvres. Je voulais scanner ce passage car je le trouve fabuleux.
Puis Maude est arrivée avec des victuailles et des livres. Deux ouvrages que je ne connaissais pas et qui m'inspirent grandement: un essai de Luc Bureau, alors professeur de géographie à l'université Laval qui a pour titre “Entre l'Éden et l'utopie - Les fondements imaginaires de l'espace québécois”, paru chez Québec Amérique en l'an de grâce 1984. Le livre contient aussi des feuilles d'érables ramassées un automne et déposées là, entre le pages, peut-être par la première acquisitrice du livre en 1985. Incidemment un autre livre que j'ai commandé en PIB est justement sur ce thème de l'imaginaire: le “Dictionnaire des lieux imaginaires” d'Alberto Manguel et Gianni Guadalupi est coédité par Actes Sud et Leméac. Il est paru en 1998 et depuis ce temps je souhaite vraiment y jeter un œil. Celui-là je l'attends.
La seconde publication qu'elle m'a apportée est très singulière, voire assez rare car sûrement tirée à peu d'exemplaires. Il s'agit de la republication d'un ouvrage de James Pattison Cockburn, officier de l'armée britannique cantonné à Québec au début du XIXe siècle qui parut de façon anonyme en son temps sous le titre “Quebec and Its Environs: Being a Picturesque Guide to the Stranger”. On a établi qu'il s'agissait d'un ouvrage réalisé par Cockburn par un examen des croquis qu'il contenait. Cockburn est tout de même très connu de ceux et celles qui connaissent cette époque de l'histoire du Québec et du Canada. Cockburn utilisait donc ses temps libres d'officier de l'Armée britannique à peindre des aquarelles et à faire des croquis des paysages. Il n'était pas le seul de la garnison à ainsi occuper ses loisirs et la chose n'était pas inhabituel chez les officiers supérieurs de l'armée britannique. Ce petit catalogue accompagnait une exposition qui avait lieu au Agnes Etherington Arts Centre de l'université Queens à Kingston, du 10 septembre au 22 octobre 1978.
Bien détaillés, les croquis et aquarelles sont toutefois petitement reproduits ici. Ce qui frappe tout de même est la justesse et le réalisme du trait de Cockburn. Il n'essaie pas de trop enjoliver la réalité des lieux et lorsqu'on est familier avec Québec, on reconnaît vite les espaces et les immeubles qu'il a croqué, il y a plus d'un siècle et demi.
Un autre aspect auquel je songe en regardant les reproductions est celui que celles-ci ne précèdent que d'une décennie tout au plus l'avènement de la photographie. Le dessin, le trait est pratiquement annonciateur de la photographie, par son réalisme. C'est très étrange.
Maude m'a ensuite offert le petit déjeuner au resto de l'hôtel et nous sommes allés à une vente de garage sur la 257 vers Gould, aux confins de la municipalité. Il y avait là de belles brocantes et antiquités et quelques livres dont des titres que je n'ai pu m'empêcher de repêcher...

Les grenouilles dans le bénitier


Malraux en train d'examiner les reproductions à insérer dans un de ses livres d'art
Photographie | © André Malraux
En son temps Malraux aurait dit “le XXIe siècle sera mystique ou il ne sera pas.” Par les temps qui courent, le moins qu'on puisse dire c'est que nous sommes entre deux chaises, la matérialiste et la mystique. Le Trésor de la langue française donne de la mystique une définition encyclopédique telle qu'il devient périlleux d'utiliser ce terme sans générer une levée de bouclier. Dans d'autres versions de cette déclaration qu'aurait fait Malraux à la télé française dans les anneés 60, il aurait dit “spirituel”, voire “religieux” au lieu de “mystique”. Les recherches vont bon train à l'INA pour retrouver ce morceau incantatoire de cet ancien rédacteur porno!
Qu'est-ce à dire, en tout état de cause? Admettons que le matérialisme – bien que moins associé à la dialectique marxiste qu'autrefois – n'en tient pas moins le haut du pavé par les temps qui courent. Cependant, il semblerait qu'un nombre croissant de mes contemporains ait de la difficulté à suivre le rythme et remettre en question de diverses façons le sens de leur existence. À tout le moins, on prévoit que la dépression deviendra d'ici peu la deuxième maladie professionnelle au Canada. Il doit bien y avoir des raisons ontologiques à cet état de fait. Je m'imagine mal du reste que le phénomène de la dépression mur à mur ne se retrouve qu'au Canada.
Il est hasardeux d'apporter des pistes de discussion sur le sujet du sens dans nos sociétés contemporaines. Les clivages sont nets et les discours des uns irritent au plus au point les entendements des autres. Plus que jamais, nous avons accès à autant d'information que faire ce peut. Cela ne résout rien cependant, car nous sommes laissés à nous-mêmes pour en interpréter les tenants et les aboutissants.
La poussière des tours du World Trade Center virevolte encore 5 ans après la chose et il y a une effervescence dans le monde à faire pâlir d'envie une pastille d'Alka Seltzer® dans le fond d'un verre d'eau. À quoi cela va-t-il nous mener? Euh, j'sais pas. Peut-être saurons-nous réagir calmement dans l'urgence si nous sommes sages. Autrement il est fort à parier que face à des conditions insurmontables, nous agirons à l'aveuglette, comme si nous n'avions pas des milliers d'années d'un cumul de connaissance derrière nous.

samedi 13 mai 2006

Quelques remarques sur le “miracle” albertain


Vue d'une partie du site des sables bitumineux de l'Athabaska
Remarques au sujet de l'émission Indicatif Présent consacrée à l'Alberta et en direct d'Edmonton, vendredi.
Comme le prétendait la chanson de propagande d'Ottawa dans les années 70, “Le Canada fait notre force, c'est l'unité dans la diversité”.
On vit une époque formidable, écrivait Reiser. D'un côté on signe l'Accord de Kyoto sur les changements climatiques et, de l'autre, on te fait une pollution sans précédent, – peut-être la pire au Canada – pour fournir en pétrole synthétisé nos Voisins du Sud qui, eux, non seulement ne signent pas Kyoto mais, de surcroît, consomment des quantités insensées de ce pétrole qu'on leur vend et qui est LA cause première des changements climatiques. “The American way of life is not negociable”, disait déjà Papa Bush en descendant d'avion à Kyoto, il y a belle lurette.
Est-ce que ça s'appelle être putains ou mercenaires? À tous le moins tellement contradictoires que c'en n'est même plus risible. Plus à plat-ventriste que ça tu meurs. On en vient presque à devenir àquoibonniste, tellement c'est gros.
De toute façon, même si on était assez vertueux pour ne plus leur vendre de pétrole, nous ne pourrions même pas! Contrairement aux Mexicains qui ont été moins stupides, nous avons signé non seulement l'autorisation mais le droit à nos chers Voisins de venir s'approvisionner chez nous en ressources naturelles autant qu'ils le voulaient, selon leurs besoins, dans les deux ou trois Accords de libre-échange. Qui plus est, ces multinationales du pétrole sont à peu près toutes américaines ou leurs actionnaires le sont. On ne possède pas grand'chose dans l'fond. Juste le droit, nous aussi, de nous graisser la patte, les miettes au passage... et de nettoyer derrière eux, comme on fait avec les invités lorsqu'ils ont eu la gentillesse de quitter. Seulement là, c'est le gros party! Le dégâts vont être à l'échelle de l'enivrement des convives.
Mais étant donné que nous avons un premier sinistre et sa sinistre de l'environnement qui viennent tous les deux du fief des protagonistes, ce n'est pas demain la veille que nous pourrons même imaginer un rapport à l'existence autre que cette fourberie sans nom.
Tout baigne dans l'huile aussi pour les Autochtones qui n'osent plus naviguer sur ce cloaque qu'est devenu l'Athabaska, ni pour les poissons, ni pour le reste de la faune et de la flore. L'homme doit dominer les espèces, voire l'homme doit couper toutes les têtes qui dépassent et qui empêcheraient que le fête puisse continuer.
Et on s'en va tous comme des moutons en Alberta profiter de la manne. Ah, c'est tellement merveilleux! L'argent coule à flot et nous n'avons qu'à nous pencher pour s'en abreuver. Il pue l'huile. J'étais là à écouter l'émission et à me demander si je ne devais pas aller en Alberta moi aussi. Et puis j'ai fermé la radio et me suis mis à réfléchir. Je suis déjà allé en Alberta. J'y ai même vécu un bout de temps à une époque lointaine. J'ai eu des bons rapports avec des Albertains et des Albertaines que j'ai rencontré jusqu'au Yukon. Vraiment rien à dire. Ce sont des humains comme tout le monde. Y a des Albertaines que j'ai trouvé plus que sympathiques et que je n'oublie pas. Donc rien à voir avec une aigreur, des clichés. Je m'en prends à nos fucking contradictions. On ne peut pas éternellement mettre la poussière sous le tapis, bons sang! C'est ça pour moi le “miracle” albertain.
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J'ai de bonnes et de mauvaises nouvelles pour vous. Les mauvaises nouvelles, c'est que les Martiens ont débarqué à New York et se sont installés au Waldorf Astoria. Les bonnes nouvelles, c'est qu'ils ne mangent que des sans-abri, de toutes les couleurs, hommes, femmes et enfants, et qu'ils pissent de l'essence.
Kurt Vonnegut - Un homme sans patrie, Denoël, 2006

Entrevue avec Brian Pincott, président de la division des Prairies du Sierra Club, donne un aperçu de l'état de l'environnement en Alberta. Il parle de l'exploitation des sables bitumineux, de l'influence des problèmes environnementaux sur la santé des Albertains, des pluies acides et il fait part de ses commentaires sur la nouvelle ministre de l'Environnement du Canada, l'Albertaine Rona Ambrose.






jeudi 11 mai 2006

Hommage à...


À quelques jours d'intervalle, deux grandes personnalités sont disparues. Elles avaient en commun une société plus juste et d'être canadien. L'une par choix, l'autre de naissance. Ironiquement, la première émigrera au Canada et le second s'en ira faire carrière aux États-Unis.
Jane Jacobs (1916 - 2006)

Jane Jacobs était une femme astucieuse et pragmatique. Elle mettait ses énergies à la symbiose que constitue les villes. Née aux États-Unis, elle s'en est venu vivre au Canada en 1968, en guise de protestation à la guerre du Vietnam et pour aussi éviter à ses deux fils la conscription. Dans les années 50 et 60, elle s'est opposée au plans diaboliques de Robert Moses, planificateur newyorkais pour qui les centre-villes devaient être des autoroutes et des bretelles d'accès, délogeant des centaines de milliers de personnes. Intelligente et perspicace, Jane Jacobs avait aussi un bon sens de l'humour. Son livre le plus percutants fut Death and Life of Great American Cities
Note: Pour ceux et celles que la chose intéresse, l'émission Ideas sur CBC Radio One, consacrera deux émissions à Jane Jacobs, les 16 et 23 mai prochain à 21h, heure de l'Est. Je tâcherai de les enregistrer pour qui voudra les écouter ultérieurement.

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John Kenneth Galbraith (1908 - 2006)

John Kenneth Galbraith est sans contredit l'un des plus grands penseurs économiques du XXe siècle. Né en Ontario où il a aussi fait une partie de ses études académiques dans les années 20, il est allé poursuivre sa carrière aux États=Unis où il fut vite repéré par la Maison Blanche de Franklin D. Roosevelt dont il devint conseiller économique. Il fut par la suite conseiller économique de plusieurs présidents. Galbraith était un keynésien et, en cela, était aux antipodes d'un Milton Friedman sous les théories duquel nous sommes en ce moment écopant.

mercredi 10 mai 2006

Bombardement d'images


Du 1er au 19 mai, l'émission Indicatif Présent, à la première chaîne de Radio-Canada, propose un regard sur les photos qui porte le nom “Image en tête”. Il s'agit de faire la description de l'image qui nous a le plus marqué ces dernières 25 années. De plus, on interroge sur les ondes des gens connus dans divers domaines, des personnalités de tout bords, tout côtés. Cela fait quelque fois que j'écoute plus ou moins distraitement.
La description de l'image qu'a choisi Michel Marc Bouchard ce matin aura été l'une des plus percutantes jusqu'à présent, parmi celles que j'ai pu écouté. Pourtant, cela a généré en moins des réactions mitigées. Cette exercice, avec cette description-là atteint ici une espèce de sommet, de terminus où toute nouvelle description d'image devient banal.
Cette banalisation de l'image est justement générée par le trop-plein d'images. Nous sommes bombardés d'images quotidiennement. L'énoncé même est banal. Les journaux télévisés nous passent en flèche, sans émotion, des gens déchiquetés par un attentat-suicide, le gagnant à la Formule 1, la déclaration soporifique du ministre, etc. Jour après jour. Cela fait que la nouvelle pourrait être que le ministre fait une déclaration soporifique au volant de son bolide de Formule 1 en s'arrêtant devant les dégâts d'un attentat-suicide qui nous n'en serions pas plus surpris. J'en viens à me demander ce qui compte après tout dans cet exercice: trouver l'image la plus unique possible ou trouver la plus commune, de sentir que l'on n'est pas plus bête que le voisin ou plus original?
Je n'ai rien à dire sur le choix des images de tout un chacun, car dans la plupart des cas je peux les faire miennes. C'est toujours le sens de l'exercice qui m'intrigue. Est-il parti d'une bonne intention ou sert-il de stratégie marketing pour maintenir les cotes d'écoute? Désolé mais c'est le choc que j'ai eu ce matin après avoir écouté la description géniale de Michel-Marc Bouchard qui a réussi à me tirer une larme.
Du reste, je retiens deux choses de la description de “son” image: quoique que nous fassions, quoique nous disions, la nature reprend toujours ses droits et nous ne sommes même pas capable de voir cette dynamique-là qui se passe elle aussi jour après jour, en temps de guerre ou de paix. La nature nous indique bien l'importance de la symbiose pour fonctionner collectivement, car ce beau paysage décrit là existe parce qu'il y a équilibre des forces, ce qui n'est guère le cas dans le monde des humains puisque nous avons pris l'habitude de nous dominer les uns les autres et toutes les espèces vivantes par extension. Comme le disait un graffito sur le mur de pierre de l'Hôtel-Dieu de Montréal il y a une dizaine d'années: "La nature se vengera".
La question peut paraître mauvaise, inutile, voire incongrue, mais elle me préoccupe depuis quelque temps: À quoi cela sert-il en définitive d'être soumis à tant de nouvelles et à tant d'images? Cela change-t-il quoi que ce soit. Ce n'est pas un questionnement simple et égoïste du genre “J'veux rien savoir”. Il s'agit vraiment de se demander si la banalisation de cet accès au direct de la chambre à coucher du monde entier n'empêche pas l'action. Je veux bien penser globalement et agir localement mais nous assistons en ce moment à une forme d'acculturation universelle, une normalisation mur à mur par cet accès à tout. Les gens finiront-ils par s'habiller de la même façon de Tombouctou à Vladivostok, à écouter les mêmes musiques, à manger les mêmes plats, etc. Avons-nous la capacité à retenir un lien avec notre propre culture locale quelle qu'elle soit (à l'heure où l'on signe d'urgence la Convention sur la diversité culturelle) ou sommes-nous en train d'uniformiser? Ultimement, cela servira-t-il à nous rapprocher ou à nous éloigner?

À lire Le rôle des médias dans la promotion de la diversité culturelle: nouvelles opportunités pour le contenu local

samedi 6 mai 2006

Arte povera: road movie


J'ai le luxe d'avoir deux chez-moi. C'est un luxe somme toute bien modeste, d'autant plus que je fais la navette entre les deux à vélo par tous les temps: environ 7 km. Il s'agit là d'une "stratégie" élégante pour me garder la tête au-dessus des eaux. Je ne serais pas complètement malheureux à n'avoir qu'un endroit où vivre mais dans les deux cas, il y a des avantages et des inconvénients. Alors je suis opportuniste: quand les inconvénients prennent le dessus à un endroit, je m'en vais à l'autre! Je dois tenir ça de mon enfance. Nous avions une maison et un chalet.
Ma petite chambre minable de 13 m² me sert de bureau principalement. Jusqu'à présent je n'y ai pas dormi et n'y tiens pas plus que cela. Étant arrivé il y a à peine 5 jours, je ne peux pas dire que j'aie établi une routine de navette entre les deux, mais cela s'enligne vers ce que j'avais gambergé avant de venir m'installer ici. Je peux passer une bonne partie de la journée ici, à mon désormais bureau, et le reste du temps à ma cabane, avec mes chats. Le bureau commence à ressembler à ce que je voudrais qu'il soit en définitive, un endroit de travail personnel. J'ai maintenant un petit frigo de bar, tout petit mais où je peux ranger un minimum de denrées périssables, grâce à René chez qui je suis allé peindre hier et qui avait offert de me le prêter. Il a eu la gentillesse de venir me le porter hier en même temps que ma propre carcasse.
J'ai mis un sac de plastique blanc pour enfermer la blafarde lumière de plafond, un petit fluorescent en boucle qui donne 550 lumens. Ce faisant l'éclat est moins fort et directionnel. J'ai aussi une lampe à bras à laquelle j'ai décidé aussi de mettre un fluorescent en boucle, histoire d'économiser l'énergie et d'avoir assez d'électricité pour faire fonctionner le frigo et l'ordi, car il n'y a qu'une seule fiche électrique au mur. Fiche que j'ai d'ailleurs chengé aujourd'hui, l'autre datant sans doute d'une bonne 40taine d'années et usée "à la corde". Là je suis sûr que les prises ne tomberont pas tout bonnement. Les prises américaines, cette norme-là est insensé. Jamais ces fiches de mur n'auraient dû être acceptées. C'est l'une des normes les plus abberrantes en électricité sur ce continent.
La chambre est de cette couleur verte uniforme - murs et plafond - que l'on retrouvait dans les hôpitaux autrefois, peut-être y est-elle encore du reste, mais je n'ai pas mis les pieds dans un hosto depuis 20 ans. Pourquoi? Parce que C difficile. Hahaha!
Je suis dans la chambre du coin que j'appelle ironiquement la "suite présidentielle" car elle a deux fenêtres, une sacrée aubaine, d'autant plus que l'un d'elles est condamnée! D'ailleurs, lorsqu'on regarde de l'extérieur, cette condamnation est d'un inesthétisme désarmant: on a mis un simple panneau de bois à l'intérieur, visible de l'extérieur. Je vais tenter de cuisiner le patron pour la remettre en fonction... L'idée d'avoir un autre chez moi tient aussi à cela: je ne suis pas condamné (comme la fenêtre) à ne voir que cela pour les prochains mois. Je peux à tout coup durant la journée faire un bras d'honneur et m'en aller au galop sur ma bécane dans mon repaire boisé.
En fait, tout à l'heure m'est venu en image un film de Jim Jarmush, "Stanger than paradise" où si mes souvenirs sont bons, la première scène se passe dans une minable chambre d'hôtel newyorkais au début des années 80. Alors de me retrouver encore une fois dans une situation semblable - car j'ai déjà vécu cela à Vancouver en 1981 - me plaît un peu. Je vis cette espèce de road movie. C'est magique, car il y a des films parfois dans lesquels on aimerait bien être le personnage pricipal. Alors au lieu de voir ma situation comme "épouvantable", je me plais à l'observer aussi comme une espèce de road movie. Pour le moment le scénario ne s'écrit qu'au fur et à mesure. Je ne connais rien de la suite de mon monde. Ben, un peu comme tout le monde, quoi.
Je suis presque fier de maîtriser l'art de la pauvreté (arte povera) avec une certaine dextérité.

jeudi 4 mai 2006

BHL chez MFB


Par un pur hasard, je me suis zabonné l'an dernier au magazine américain The Atlantic Monthly. Je dis pur hasard because la direction du magazine avait commandé à Bernard-Henri Lévy, une espèce de regard sur l'Amérique vu par un étranger. Donc j'ai pu distraitement suivre l'itinéraire de BHL durant tous ces mois. Et vu que j'étais à la campagne et que je ne pouvais pas me déplacer beaucoup, l'abonnement venait à point, bien qu'avec Poste Canada, j'ai maintenant confirmation que tous les numéros ne me sont pas parvenus... Je me prépare à te les mitrailler ceux-là.
Tout ça pour dire aussi que bien que le compte-rendu de BHL n'ait pas été au goût de tout le monde, spécialement aux Zétats-Zunis, il n'en demeure pas moins que son regard sur l'Amérique est somme tout assez juste. Je n'ai pas eu le plaisir de me “taper” (oxymoron) la route américaine de long en large pour me rendre compter par moi-même. Alors je suis content qui lui l'ait fait et ne se gêne pas pour parler de la schizophrénie qui y règne, sans le dire tel quel bien sûr. Il a donné une entrevue d'une heure hier matin à Marie-France Bazzo à l'émission Indicatif Présent à Radio-Canada.
Je dois dire que j'ai été charmé par son éloquence sur son sujet du moment. Bien évidemment BHL est un être enflammé qu'il faut éloigné des sites inflammables. Mais sa verve sur l'état de ce qu'on appelle encore “l'Amérique” ne peut laisser indifférent. Comme il le dit lui-même les Américains sont le seul peuple au monde à ne pas avoir de nom. Ainsi l'Amérique c'est eux. Oubliez le Canada (Canadiens), le Mexique (Mexicains), le Chili (Chiliens), les Américains possèdent de par leur nom tout le territoire qui va du Pôle nord jusqu'à la Terre de feu! C'est légèrement agaçant et ils sont véritablement les derniers à s'en rendre compte...

À suivre...

mercredi 3 mai 2006

Premiers pas du nouvel habitant

Je suis donc installé à Scotstown depuis lundi midi. Je souhaiterais vraiment faire quelque chose d'intéressant pour la communauté, sans arriver avec mes gros sabots. Alors, mes premiers gestes "publics" auront été d'aller chercher ma carte d'abonné à la bibliothèque et de donner mon nom pour y faire du bénévolat, car les bibliothèques dans les villages ne fonctionnent que grâce à des bénévoles, surtout des femmes. Elle ne sont ouvertes que quelques heures par semaine. La littérature, la culture en général sont des espaces vitaux dans une communauté. Cela prend diverses formes, mais la bibliothèque est un bon lieu de départ. Puis j'ai assisté à ma première séance du Conseil municipal! Je suis resté environ une heure, histoire de prendre un peu le poul de ce qui se dit ici et comment cela se dit.
La bibliothèque de Scotstown est légèrement plus petite que la bibliothèque du Congrès à Washington, la TGB à Paris ou la British Library. En fait, elle est grand comme des wc d'un de ces établissements. Qu'à cela ne tienne, elle est très chouette! Dans ce tout petit espace rectangulaire, on réussit à mettre des rayons, une exposition itinérante de livres-objets d'artistes de la région, deux postes d'ordinateurs, etc. Monique que j'ai rencontré me donne envie de travailler là comme bénévole. Nous avons discuté et ce fut bien. Hier j'écouté Lise Bissonnette en entrevue. C'est la directrice de la Grande Bibliothèque à Montréal. Sensible à l'accès aux livres et autres documents hors Montréal, elle fabrique avec ses collègues des protocoles informatiques pour l'accès au documents et aux prêts entre bibliothèques.

La Bibliothèque, le bureau municipal et la salle du Conseil entre autres choses sont localisés dans l'ancienne High School qui est un bel immeuble dans le style WASP, comme on en retrouve partout en Amérique du Nord, surtout sur la côte est. Cependant, comme toute le reste à Scotstown, l'immeuble est en train de perdre son cachet par sa détérioration.

Petite histoire vite fait

Le nom de Scotstown vient de son fondateur John Scott, un pionnier de Glascow (Écosse) qui est venu s'intaller dans le canton d'Hampden avec sa famille en 1823, à tire de gérant de la Glasgow and Canadian Land and Trust Company. Il y avait là une importante scierie, sur les bords de la rivière aux Saumons. En 1877, à l'avènement du train, Scotstown est vite devenu une espèce de centre commercial et revendiqua son statut d'entité distincte du canton d'Hampden. La population grandissait en nombre. Le village est donc passé de quelques centaines à plus de 3000 au cours des décennies, pour en revenir à ce petit 700 habitants aujourd'hui. La dernière grand manufacture à fermer - Shermag - l'an dernier aura été le coup de grâce à ce village qui venait ainsi de se voir retirer 80 emplois!
Alors l'ambiance n'est pas gaie. Mais comme partout, il ne faut pas se laisser abattre! Il faut retrousser les manches et mettre l'épaule à la roue. Il y a des plans de revitalisation, un société de développement, l'ancienne chapelle anglicane qui sert de salle de spectacle l'été, etc.

Pour plus d'info: Page dédiée à Scotstown sur le site de la municipalité régionale de comté du Haut Saint-François.

Pages de photos fabriquées par deux élèves de l'école primaire locale.

Biographie d'un autre personnage de Scotstown, John Nataniel Scott, qui fut notamment député.

Scotstown dévoile un plan touristique de 10 M $, La Tribune, le 6 avril 2006.